Le rêve de toute une vie ?

Mes premiers rêves d’adultes étaient de vivre à l’étranger, parler couramment plusieurs langues, travailler dans un domaine particulier, vivre en ville, fonder une famille, etc. Certains se sont réalisés rapidement et d’autres ont continué à me suivre, année après année. Puis, j’ai eu de nouveaux rêves qui se sont ajoutés aux anciens.

Jusqu’à ce que je réalise que certains étaient source de frustration ou mauvais pour mon estime de moi. En effet, je me disais : quand aurais-je enfin le courage de partir vivre à l’étranger  alors que je me plais où je suis ? Comment faire pour voir ces pays alors que l’avion est si néfaste pour le futur des êtres humains ? Comment avoir le temps pour booster ma carrière et être très présente pour mes enfants et mes amis ?

Puis, j’ai réalisé que si ces rêves étaient sources d’émotions négatives et que les inconvénients dépassaient les avantages, ils n’avaient surement plus la place dans ma liste. Dur à accepter et très dur de lâcher prise. Surement à cause du pouvoir des habitudes et des émotions positives qui y étaient attachées auparavant. Mais ces rêves se sont tout simplement périmés. La vie change, nous changeons et nous apprenons à mieux connaître nos besoins.

Comment vérifier s’il n’est pas utile de lâcher un rêve ?

• Sentir les émotions qu’ils provoquent

Si les émotions sont plus négatives que positives, il y a des chances pour que ce soit un rêve qu’il faille lâcher. C’est le cas d’une contradiction trop forte entre ce rêve et un autre plus proche de nos valeurs.

• Se demander si ce n’est pas le rêve de quelqu’un d’autre  

Parfois certains rêves sont plutôt ceux de la famille ou des amis de jeunesse : une carrière, une richesse matérielle, vivre à tel endroit… Un grand classique pour chacun d’entre nous !

• Vérifier l’adéquation avec nos valeurs et besoins d’aujourd’hui

Il est bien plus agréable d’avoir des actions qui sont en phase avec nos valeurs d’aujourd’hui. En évoluant, il est probable que beaucoup de rêves « matériels » soient périmés par rapport à ceux sur le « relationnel ». Par exemple, avec mes camarades étudiants, nous voulions tous parcourir le monde et visiter des pays éloignés. J’ai eu l’occasion de le faire et il y avait du plaisir, mais aussi des choses plus dures à vivre éthiquement parlant. C’était aussi en contradiction avec le fait de devoir prendre l’avion et donc d’avoir une empreinte écologique trop négative.

Libérer de la place pour les nouveaux rêves

En ayant éliminé les rêves périmés, nous retrouvons de la place, du temps, de l’énergie pour trouver les rêves qui correspondent à nos aspirations d’aujourd’hui. Souvent ce sont des choses moins faciles à lister, mais qui parlent réellement à notre âme : être bien chez moi, profiter du présent avec mes enfants, me replonger dans de bons souvenirs avec des amis, être plus écolo, contribuer à la société, prendre soin de ma santé, ne pas faire de l’argent et du prestige le premier critère de choix de mon travail…

Choisissons nos rêves avec notre âme et nos tripes ! Petits, nous rêvons qu’il n’y ait plus de guerre dans le monde, que plus personne ne meurt de faim ou dorme dans la rue. Ce rêve nous l’abandonnons car trop idéaliste et nous le remplaçons par « voyager à l’autre bout du monde ». Revenir à ses vrais rêves avec son regard d’adulte, c’est possible. 

Je ne vois pas cela comme de la naïveté, mais comme un besoin d’alignement entre ses espoirs, ses projets et ses valeurs. Réfléchir à moins consommer  l’eau, la matière et l’énergie, à acheter des produits dont la production est nocive pour les pays lointains qui les produise, ne plus donner notre mode de vie comme mauvais exemple aux jeunes ou à d’autres pays, expliquer à nos enfants que notre bonheur ne peut pas se construire sur le malheur des autres, tout cela ce sont des actions modestes mais qui nous permettent d’aller vers nos vrais rêves.

Et vous, quels rêves laissez-vous partir et lesquels gardez-vous ?

Image : Adam Birkett